Les Autres Instruments de la Batéria (Orchestre de Capoeira)

 

Le berimbau est l’instrument emblématique de la capoeira et ce en partie parce qu’il dirige la roda ! Mais le berimbau n’est pas le seul instrument que l’on retrouve dans les rodas de capoeira.

D’autres instruments (dont la description est faite plus bas) sont là pour seconder le berimbau et apporter une couleur encore plus rythmée et festive à la roda ! Ainsi on retrouvera, d’une manière générale, dans la musique de capoeira les berimbau qui peuvent être au nombre de trois selon le style joué ou le groupe, les pandeiros (2 en principe), 1 atabaque, 1 ou 2 agôgôs et 1 reco-reco.

 Roda du 16-11-2008 2

Comme dit précédemment, la variété et le nombre des instruments présents dans une roda va dépendre tout d’abord du style joué (Angola ou Regional) :

On retrouve, d’un côté, la bateria de capoeira Angola qui emploie tous les instruments cités précédemment dont les trois berimbau avec leurs trois tonalités différentes (Gunga, Medio et Viola).

En second lieu, on retrouve la bateria plus spécifique de la capoeira regional : la « charanga ». Créée par Mestre Bimba, la charanga est formée uniquement d’un berimbau Medio et de deux pandeiros (de chaque coté de celui-ci).

 

Ice diablo 06Enfin, l’utilisation d’une formation plus qu’une autre va dépendre du groupe ! Chaque Mestre, pour ne pas dire chaque Professor, a ses préférences quant au choix de l’une de ces deux formations. Certains ne font pas vraiment de distinctions et utilisent la même formation quelque soit le style de capoeira joué, d’autre s’attacheront à avoir toujours 3 berimbau sans pour autant utiliser d’atabaque, d’agogo et de reco-reco, etc…

 

LE PANDEIRO

  Pandeiro fisheye

Aussi appelé Tamborim ou encore Pandorella (au Pays Basque), Instrument de percussion de la famille des « membranophone », on lui trouve de multiples origines et liens de parenté (avec d’autres instruments qui lui sont très similaires) dans certains pays de la péninsule ibérique, en Espagne ou encore en Inde et ce depuis des temps très anciens.

 

Introduit au Brésil par les Portugais pour accompagner leur processions religieuses puis par les capoeiristes pour accompagner le berimbau dans les rodas de capoeira, on le retrouvait et le retrouve encore aujourd’hui dans de nombreuses fêtes religieuses, mariage, etc… mais aussi dans de nombreux genre de musique Brésilienne et Afro-brésilienne.

pandeiro2Il est composé par un cadre circulaire en bois, plastique ou métal sur lequel on ajuste une peau de chèvre (ou de serpent pour les plus chères) ou une membrane plastique (plus commun) et ce par clouage, collage ou cerclage accordé par des clefs.

Les flancs de l’instrument sont équipés de petites cymbalettes métalliques dont le nombre est variable suivant la taille du cadre.

 

Lua do PandeiroLe rôle du pandeiro dans la roda de capoeira est donc bien entendu, de soutenir le Berimbau et en même temps d’apporter une sonorité plus claire en complément de la percussion lourde et grave de l’atabaque.

Les petites cymbalettes métalliques du pandeiro apportent quant à elles, une texture riche et festive à la batéria de capoeira !

 

Pour jouer du Pandeiro :

L’instrument est tenu par une main, les doigts de celle-ci servent à imprimer une pression variable sur la peau de l’instrument pour modifier son timbre et la hauteur de la note produite. La main qui tient l’instrument sert également, par des mouvements du poignet, à jouer des cymbalettes du pandeiro.

L’autre main frappe la surface de la peau en différents endroits (plus ou moins proche du centre du cerclage) et de différentes façon afin d’alterner entre les notes « claquées » et les notes qu’on laisse résonner !

  

Ice diablo 06Malgré une apparente simplicité et ce toute comme le berimbau, le pandeiro est un instrument qui met du temps à « s’apprivoiser » mais qui permet avec l’expérience de jouer dans de nombreux registres musicaux grâce à ses multiples possibilités rythmiques !

  

  

L’ATABAQUE

atabaque 

Comme quasiment tous les instruments de la roda, c’est un instrument de percussion très primaire qui trouve ses origines loin dans le passé. Tout comme le pandeiro, de la famille des membranophones, son origine géographique se situerait en orient puisqu’il était beaucoup utilisé chez les peuples Perses et Arabes. Le nom de l’instrument lui-même n’a pas changé en traversant les océans puisque le mot “Atabaquê” est d’origine arabe.

 

Cet instrument s’est ensuite retrouvé dans de nombreux pays d’Afrique avant d’arriver jusqu’au Brésil grâce aux colons portugais qui utilisaient ce tambour lors des fêtes religieuses mais aussi grâce aux esclaves qui l’utilisaient durant certaines de leurs danses religieuses populaires. C’est d’ailleurs ainsi qu’il est devenu un instrument sacré du Candomblé. Il est cependant aussi très utilisé par de nombreux groupes de musique folklorique.

 

Au regard de quelques gravures, notamment celle de Rugendas, et selon certains textes du XIXème siècle, l’atabaque est le premier instrument que l’on trouve accompagnant les capoeiristes.

A noter qu’on utilise qu’un seul atabaque dans les rodas de capoeira, alors qu’on en utilise 3 dans les cérémonies de candomblé.

Pour les références musicales, le percussionniste Romario Principal Itacare est un des meilleurs joueurs d’atabaque.

 

atabaque3L’atabaquê se présente sous la forme d’un long tambour très primaire (un peu similaire aux congas), dont la caisse de résonance, ouverte à ses deux extrémités, adopte une forme conique et est composée de lattes de bois de Jacaranda (bois exotique, mais on en trouve aussi en Cèdre, Acajou et parfois Palissandre).

Les lattes sont assemblées serrées grâce à plusieurs cerclages de fer de différents diamètres à l’image des tonneaux en bois.

Enfin, une peau de bœuf est ajustée et accordée sur la base supérieur de l’instrument grâce un système de goujons métalliques ou soit par un tressage de cordes de chanvre (ajusté avec des cales de bois qu’on frappe au maillet).

L’instrument est posé sur un support (ou trépied) en bois ou métal pour pouvoir l’orienter légèrement vers soi.

 

L’atabaquê existe en trois tailles différentes, correspondant aux trois registres sonores :

 

AtabaqueCordasRum                – le plus grand atabaquê et donc le plus grave

Rum-Pi           – Celui qui joue dans les médiums

           – Le plus petit des trois et donc le plus aigu

 

 

 

Pour jouer de l’Atabaque :

On joue de cet instrument en frappant la peau en plusieurs endroits (comme le pandeiro) en utilisant principalement les doigts et la paume de la main.

 

Ice diablo 06L’atabaque est l’instrument de percussion de la roda au timbre le plus grave mais c’est aussi l’instrument le plus puissant, on dit de lui qu’il diffuse le « Axé » à l’intérieur de la roda !

De ce fait même si c’est le berimbau qui dirige la roda, l’atabaque marque le rythme et lorsqu’il est bien callé sur la gunga, il permet une bonne synchronisation des autres instruments.

En somme, le son de l’atabaque, bien que puissant, ne doit pas dépasser celui des berimbaus mais doit imprimer une pulsation énergique à la roda comme si il était son cœur !

  

 

 L’AGOGO

Agogo 2 tons academic

L’Agogo (appellation originaire de l’ethnie Yoruba) est un instrument de musique d’origine africaine de la famille des percussions idiophones*. On retrouve cet instrument dans de nombreux pays d’Afrique noire comme le Cameroun, le Congo, le Nigeria ou le Togo et ainsi donc dans de nombreuses ethnies où il porte différents noms.

 

Outre les Yorubas qui ont donné le nom d’Agogô que l’on connaît plus aujourd’hui, l’instrument se retrouverait alors aussi sous le nom de « Akoko » chez les Nagô, nom désignant le temps qui passe, comme un instrument servant simplement à marquer un tempo. Cet instrument se fait aussi appelé Ngongué par l’ethnie Bantou avec là encore une notion de temps puisque le nom signifierait « temps et respect » (selon certaines études sur le sujet…).

 

Enfin, l’esclavagisme amenant aux déplacements d’esclaves noirs (emmenant une partie de leur patrimoine identitaire) en partances d’Afrique pour les colonies des Caraïbes et d’Amérique Latine, on retrouvera cet instrument si particulier notamment au Brésil dans les jeux de capoeira, les cérémonies de Candomblé et les festivité de Maracatu**.

 

Aujourd’hui l’agogo métallique en fer noirci ou acier chromé est utilisé dans de nombreux styles de musique percussives du Brésil et des Caraïbes, musiques de Samba ou Bossa Nova par exemple. Le son d’un agogo est en principe facilement reconnaissable car très clair, vibrant et riche en harmonique !

 

Agogo 4 tons academicL’instrument, sous sa forme la plus commune, est constitué par deux cloches de fer  reliées entre elle, accordées par intervalles d’un tiers, d’un quart ou d’un cinquième de ton (variant selon le modèle et le nombre de cloches) et qui se percutent à l’aide d’une baguette de fer.

On peut trouver des agogos composés de 2 à 5 cloches, ces cloches pouvant être aussi en bois (fréquent même sur les batteries modernes).

De la même façon, on peut jouer de cet instrument avec une baguette de fer ou de bois, ce dernier faisant produire à la cloche un son moins claquant, plus mat, plus rond et donc parfois plus agréable à l’oreille.

 

On trouve aussi dans les rodas de capoeira, des agogos fait d’une tige de bois et dont les cloches sont fabriquées à partir de fruits appelés castanha do Parà provenant de l’état du même nom (plus rare !).

  

Pour jouer de l’Agogo :

Tenue AgogoL’agogo traditionnel de la capoeira se tient par une main au niveau de l’anse de l’instrument à l’image de la prise d’une pince.

Cette prise permet de mater un peu le son des cloches ou d’utiliser l’effet ressort de l’anse pour faire claquer les cloches entre elles, certains musiciens brésiliens utilisent beaucoup ce dernier effet quand ils jouent.

L’autre main tient une baguette de fer ou de bois (ça dépend du son que l’on cherche à obtenir) et frappe les différentes cloches en fonction du rythme à obtenir.

 

 

* Un idiophone est un instrument dont le matériau lui-même produit le son lors d’un impact, soit par un instrument extérieur (comme une baguette), soit par une autre partie de l’instrument lui-même. On appelle aussi ce type d’instrument des autophones.

Définition dictionnaire Larousse.

 

Pour plus de précisions sur les instruments idiophones : http://www.ethnomusicologie.net/eo9.htm

 

** Le Maracatu désigne une sorte de fête commémorative brésilienne, pratiqué depuis le début de la colonisation dans l’État du Pernambouc et plus généralement dans tout le nord-est du Brésil.

Sa célébration remonte loin dans l’histoire des esclaves, initialement elle servait à consacrer les leaders noirs qui jouaient le rôle de porte-parole entre les différents groupes d’esclaves et les colons portugais en prenant référence sur les traditions d’élection des rois du Congo.

 

LE RECO-RECO

Reco reco en bambou 

Autre instrument de percussion idiophone, Le reco-reco appartient plus précisément à la famille des racloirs ! Son origine géographique et historique reste assez mystérieuse, cependant au regard de la simplicité du reco-reco et du fait que l’on ait retrouvé des instruments de ce type qui dataient de l’ère préhistorique, cela amène à penser que c’est un instrument très ancien !

 

guiroUn instrument lui étant très similaire est le « güiro » (très fréquent dans la musique cubaine). La différence entre les deux instruments tient en partie de leurs provenances géographiques (actuelle) respectives : le reco-reco est plus originaire du Brésil alors que le güiro se trouve plus à Cuba, Porto Rico et plus généralement dans tout le nord de l’Amérique Latine où il portent de nombreux noms tels que « rascador », guayo » ou encore « charasca » !

 

De plus, le güiro est en principe toujours fabriqué traditionnellement dans une calebasse longue et évidée (pour obtenir plus de résonance) alors que le reco-reco peut se fabriquer de plusieurs façons :

Dans un morceau de bambou de 20 à 30 cm dans lequel on taille des striures plus ou moins espacées, ou bien comme le güiro traditionnel, dans une calebasse évidée sur laquelle on taille également des striures !

Reco reco métal cylindreEnfin, on trouve les reco-recos actuels fabriqués à partir d’un caisson en métal de forme semi tubulaire ou rectangulaire et sur lequel on vient tendre 2 à 3 ressorts !

 

Pour jouer du reco-reco :

Tenant l’instrument dans une main, on racle simplement les striures à l’aide d’une baguette en bois ou en métal en procédant par des allers-retours et ce en suivant le rythme joué par la batéria !

 

Ice diablo 06Le reco-reco produit un son saccadé qui, dans sa version traditionnelle (bambou ou calebasse), rappelle un peu le coassement des grenouilles ! Comme l’agogo c’est un instrument d’accompagnement mais du fait de son faible volume sonore dans cette version, il avait pratiquement disparue des bateria de Samba et de Pagode !

Dans sa version plus récente le son de cet instrument perd malheureusement un peu de chaleur et d’authenticité mais gagne grandement en puissance ! C’est ce qui lui a permis de revenir dans les ensembles de percussion très communs dans les musiques d’Amérique Latine.

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